La maternelle 4 ans: sommes-nous prêts ?

*Ce billet est un travail universitaire réalisé dans le cadre du cours FPE3050 - Organisation de l'éducation au Québec.

Les vraies questions

Dans « Trop jeunes pour entrer à la maternelle», la journaliste Annie Mathieu touche un aspect important de l’implantation des classes de maternelle quatre ans. Elle aborde la question des élèves vulnérables et du type d’enseignement dont ils devraient tirer profit.

 

Contrairement à ce que le titre indique, le véritable enjeu de l’article, ce n’est pas de savoir si les enfants sont prêts ou non à aller à l’école à quatre ans. Le vrai problème est plutôt de savoir si l’école, elle, est prête à les accueillir. Je trouve la question très pertinente puisque je me l’étais moi-même posée comme mère d’un petit garçon de quatre ans et demi.         

 

Je ne remets pas en question les raisons qui ont mené à mettre en place la maternelle à quarte ans dans certains secteurs défavorisés où les enfants sont plus vulnérable socialement. La pauvreté, l’isolement social et le manque de stimulation des enfants concernés sont des arguments bien suffisants à les faire entrer à l'école et l’objectif de la réussite scolaire à long terme est clair. Je crois simplement qu’il aurait peut-être été bon de mettre les bonnes conditions en place avant de commencer à offrir la maternelle précoce à ces enfants.
 

Dans un premier temps, la question de la formation des enseignants m’inquiète. En survolant le cheminement type d’un futur enseignant qui fait son baccalauréat à l’UQAM, par exemple, on peut voir que malgré un stage complet en classe de maternelle, très peu des cours offerts touchent directement les jeunes enfants. En comparaison, une technicienne en garderie complète une formation de presque 2500 heures concentrée uniquement sur les enfants d’âge préscolaire.

 

Pour remédier à la situation, je suis d’avis qu’il faudrait penser à revoir la formation des futurs enseignants. Il serait peut-être bon d’envisager de créer deux baccalauréats distincts : le premier pour l’enseignement primaire et l’autre pour l’enseignement préscolaire. Les deux formations en bénéficieraient puisque les heures récupérées dans la formation des futurs enseignants du primaire pourraient être investies dans d’autres cours plus pertinents et peut-être même qu’il serait possible, dans ce cas, de faire deux baccalauréats de 3 ans au lieu d’un seul de 4 années. De plus, la création de deux formations spécifiques rejoindrait le fait qu’actuellement, une fois sur le marché du travail, l’expérience accumulée au préscolaire et au primaire sont pris en compte séparément.

 

En second lieu, je suis préoccupée par le fait que plusieurs écoles débordent et que des élèves sont parfois déportés vers d’autres quartiers, faute de place. La mise en place d’une classe de maternelle supplémentaire dans ces écoles risque de causer des ennuis à beaucoup d’élèves qui les fréquentaient déjà. Se pose donc la question de l’utilisation des ressources existantes. Il y a une quantité impressionnante de CPE subventionnés au Québec. La réalité est qu’il y en a également beaucoup d’autres qui sont en attente d’accréditation de la part du gouvernement. Ces installations comportent des locaux déjà aménagés. On y retrouve de surcroît des éducatrices formées et compétentes.

 

Pourquoi ne pas investir dans ces structures déjà en place? Il serait, je crois, beaucoup plus judicieux d’augmenter un peu les ratios dans les classes des plus grands et de favoriser l’insertion des enfants vulnérables dans ces milieux éducatifs que de tenter de tout mettre en place rapidement dans les écoles. Cette mesure serait probablement beaucoup moins coûteuse également, d’autant plus que la plupart des garderies font déjà l’équivalent de la maternelle quatre ans.


Finalement, se pose pour moi la question entourant les limites de ces maternelles quatre ans. La recommandation touche particulièrement les enfants vulnérables. On entend par là que c’est offert en priorité à ceux qui vivent dans des quartiers défavorisés, qui sont issus de familles monoparentales, qui n’apprennent pas le français à la maison, etc., mais je me demande où sont les balises qui régissent ces priorités. Sur quels critères sont basées les évaluations? Qui évalue les enfants? Est-ce que c’est au parent de décider s’il inscrit son enfant ou non? Ce sont là beaucoup de questions auxquelles je n’ai pas vraiment trouvé de réponses et sur lesquelles il faudra se pencher comme société.


En conclusion, bien que la maternelle quatre ans réponde à un besoin important, je pense que son implantation s’est fait un peu précipitamment, sans que l’école n’y soit bien préparée et sans tenir compte des éléments déjà existants. Je suis d’avis que si le Québec choisit de poursuivre dans cette direction, il va falloir revoir la formation des enseignants du préscolaire et tenter de maximiser les structures en place afin de ne pas jeter l’argent des contribuables par les fenêtres.

 

Bibliographie

Mathieu, Annie. 2013. "Trop jeune pour entrer à la maternelle ?". Le Soleil (Québec). En ligne. 7 septembre 2013. <http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201309/06/01-4686918-trop-jeunes-pour-entrer-a-la-maternelle-.php>. Consulté le 27 octobre 2013.

Écrire commentaire

Commentaires: 0