Extrait d'un journal de stage

 

Mardi le 18 mars, j’ai fait une prise en charge durant l’après-midi. Dans un premier temps, j’ai continué la lecture spéciale que j’avais entreprise avec les élèves la veille. Cette portion de ma journée s’est bien déroulée, les élèves suivaient bien et participaient lorsque c’était nécessaire. Au bout des 20 minutes que mon enseignante-associée accorde à la lecture obligatoire, j’ai fait la transition vers une activité de mathématique qui se voulait surtout théorique, plutôt magistrale.

 

J’ai enseigné aux élèves les différents attributs propres aux parallélogrammes et aux trapèzes.

 

Dans un premier temps, ça se passait bien. Puis, peu à peu, j’ai perdu le contact avec les élèves. J’ai essayé de les questionner aléatoirement, pour essayer d’aller chercher ceux qui n’écoutaient plus, le niveau de concentration diminuait continuellement. Les élèves n’étaient pas agités, ils avaient seulement l’air endormi.

 

Je leur ai fait prendre conscience du fait qu’ils me dormaient presque au visage et je les ai fait se dégourdir un peu dans la classe (brain break). Malgré tout, une fois rassit, la lassitude est revenue et je me suis retrouvée avec seulement 7 ou 8 élèves qui semblaient écouter ce que je disais.

 

À l’intérieur, je paniquais. J’avais un plan B, mais il était tout aussi magistral que ce que j’étais en train de faire. De plus, j’avais un peu peur de ce que mon enseignante-associée dirait si elle revenait et que j’avais changé les plans.

 

Elle est arrivée et elle a bien vu que les élèves n’étaient plus là. Elle m’a donc suggéré de les mettre en action. J’ai alors distribué des bâtonnets à tout le monde pour faire des manipulations sur les polygones que je venais d’enseigner. Malheureusement pour moi, les élèves réussissaient mal parce qu’ils n’avaient pas bien écouté.

 

Finalement, je me suis découragée et Caroline a repris le contrôle de la classe. Les élèves ont dû refaire complètement la leçon de l’après-midi en devoir. Je me sentais mal pour eux, après tout, c’était un peu de ma faute…

 

Lors de ma rétroaction, Caroline m’a dit que c’est correct, parfois, de s’arrêter et de fermer les livres. De prendre une pause, un 10 minutes la tête reposée sur le pupitre. Que j’ai le droit de changer les plans, de faire quelque chose qui bouge plus. De faire un jogging mathématique, une dictée, une course de dictionnaire… N’importe quoi de ludique pour les faire s’activer un peu.

 

Elle m’a aussi dit que les élèves sont souvent comme ça l’après-midi, parce que culturellement, les arabes mangent très tard et se couche « à pas d’heure » et que par conséquent, les enfants sont très fatigués en fin de journée.

 

Elle ne m’a pas vraiment proposé de solution, mais ce soir-là, j’ai raconté ma mésaventure à une amie qui est enseignante depuis longtemps. Elle m’a dit que dans sa classe, elle ne donne jamais de nouvelle matière en après-midi, qu’elle s’efforce de donner toutes les nouvelles notions le matin et que les après-midi sont réservées à l’intégration. Elle m’a suggéré de faire beaucoup de manipulation, de pratique, de travail d’équipe et de favoriser les jeux-questionnaires et la lecture complémentaire, etc.

 

J’y ai réfléchi et je trouve que c’est plein de bon sens. Moi-même, comme adulte, je me sens tellement moins productive l’après-midi. Pourquoi est-ce qu’on devrait exiger autant des élèves que ce que nous-mêmes sommes en mesure de donner ?

 

J’ai eu la chance de mettre ceci en application dès le jeudi. En commençant la journée, j’ai proposé à mon enseignante-associée de modifier l’horaire que nous avions prévu pour faire des mathématiques en après-midi plutôt que de commencer le nouveau module d’univers social comme nous l’avions planifié ensemble. Je lui ai fait part de mes observations sur la fatigue des élèves (même avant qu’on me baille aux corneilles dans le visage, j’avais remarqué qu’ils sont plus agités et moins facile à gérer l’après-midi) et j’ai soutenu qu’étant donné que mon activité de mathématique était plus « active », je pensais que c’était un meilleur choix.

 

Elle m’a soutenue dans ma réflexion et cet après-midi-là, j’ai pu reprendre mon échec sur les polygones en faisant une activité d’intégration vraiment agréable que les élèves ont aimé et où ils ont participé de bon cœur.

 

Il s’agissait d’un travail en équipe où ils devaient confectionner un drapeau à l’aide de figures géométriques. Ils devaient respecter des critères en liens avec la théorie vue plus tôt dans la semaine et nous présenter le drapeau par la suite.

 

Le travail d’équipe s’est avéré une excellente façon de les tenir éveillés et motivés. Ils ont pu bouger, parler et avoir moins l’impression de travailler tout en intégrant leurs apprentissages.

 

Vendredi après-midi, j’ai refait une expérience semblable en faisant une activité de lecture active en plénière qui s’est passée comme un charme. Quand ils ont commencé à être fatigués, je les ai amenés aux toilettes tous ensemble pour se dégourdir avant de changer d’activité.

 

La conclusion que j’en retire, c’est que toutes les classes ont leur rythme de fonctionnement particulier et je crois désormais à la nécessité d’y être attentif et de s’adapter. Il est primordial de savoir reconnaître les signes de fatigue autant que les périodes de curiosité intense. Je continue de penser que la planification est un mal nécessaire, mais je pense qu’il faut savoir sortir du cadre et saisir l’opportunité au vol. 

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