Sortir des sentiers battus

Assumer son petit côté alternatif

Un jour, à la fin de mon baccalauréat, une chargée de cours de l'université nous a fait visionner un documentaire de l'ONF qui s'intéressait à un certain Norman Cornett, ancien professeur de l'université McGill.

 

Pour faire un court résumé, il s'agit d'un professeur aux méthodes d'enseignement uniques que tous ses étudiants adoraient même si ses cours étaient parmi les plus difficiles. Ils l'adoraient parce qu'il avait une vision différente du monde et qu'il amenait ses étudiants à réfléchir et à répondre honnêtement plutôt que correctement.

 

La vidéo est disponible sur le site de l'Office National du Film en cliquant ici:

Cette vidéo a eu pour moi l'effet d'un baume sur le coeur parce que longtemps pendant ma formation, j'ai eu l'impression que pour être une bonne enseignante, il fallait que je me conforme à certains critères, que je rentre dans le moule.

 

Or, je suis d'un naturel plutôt créatif et c'est quelque chose qui transparaît constamment dans ma manière d'être lorsque j'enseigne. 

 

Déjà à la fin de mon premier stage, je savais que je ne serais pas très portée sur les manuels scolaires et que la littérature jeunesse serait pour moi un prétexte constant pour ne pas les utiliser. Je savais que j'allais vouloir me déguiser en classe, utiliser le jeu comme un outil d'apprentissage et que j'aimais mille fois mieux accompagner les élèves dans leurs découvertes que de leur imposer un enseignement direct.

 

À la fin de mon deuxième stage, je savais que l'exploitation de thématiques serait au coeur de ma manière d'enseigner. Le préscolaire m'a permis de découvrir qu'il est possible de "partir sur une dérape pédagogique" (comme dirait si bien Lise, mon enseignante-associée) et d'avoir un plaisir fou à créer autour d'un seul et même thème.

 

À la fin de mon troisième stage, j'avais la certitude de vouloir sortir des sentiers battus. J'ai expérimenté les ateliers et la littérature comme façon d'enseigner. J'ai confirmé mon petit côté alternatif et je me suis dit que par-dessus tout, c'était moi que j'avais enfin trouvé.

 

Mais...

 

La vérité, c'est que j'ai souvent peur d'être malheureuse en enseignement parce que je n'ai pas l'impression d'être conforme à ce qu'on attend de moi.

 

La neuvième compétence professionnelle des enseignants est de "coopérer avec l'équipe-école, les parents, les différents partenaires sociaux et les élèves en vue de l'atteinte des objectifs éducatifs de l'école". Je pense que  de toutes les compétences, c'est elle qui me fait le plus peur parce que j'ai le sentiment qu'elle peut m'empêcher d'être moi-même.

 

Or, ce que je retiens de la vidéo sur Norman Cornett, c'est qu'en tant qu'enseignant, il faut croire en ses convictions, contre vent et marées. Qu'il faut s'enlever la pression de se conformer aux attentes de ses collègues et accepter d'être soi-même, même si ça implique d'être un peu seul. 

 

J'espère que si un jour j'ai du mal à coopérer avec mon équipe-école, je me souviendrai de la vidéo. J'espère me souvenir à quel point M.Cornett a été un professeur signifiant pour ses élèves parce qu'il était différent et que ça va m'aider à assumer mon petit côté alternatif.

 

Après tout, n'y a-t-il pas une phrase qui dit qu'à force de vouloir entrer dans le moule, on finit par avoir l'air d'une tarte ?

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Commentaires: 1
  • #1

    Francine Brière (mardi, 11 octobre 2016 12:27)

    Merci pour m'avoir fait connaître ce pédagogue humaniste qui place l'apprenant au cœur de son apprentissage. Durant mes années passées auprès de feue les Éditions du Phare , le leitmotiv qui rythmait notre travail s'approchait de cette philosophie même si parfois on avait les mains liées par les exigences du MEQ. Contente d'apprendre que le flambeau a déjà brûlé dans le milieu universitaire et que tu as l'intention de l'allumer au primaire. C'est la voie.