Le cartable de suppléance

Préparer son absence

"Ce matin, lorsque je suis entrée dans la classe de 5e, escortée par la secrétaire, je me suis retrouvée seule face à une chemise rouge en carton et à une pile de billets d'absence. J'ai déposé mon sac, enlevé mon manteau. Puis je me suis installée derrière le petit bureau de l'enseignante que je venais remplacer, l'espace d'un avant-midi.

 

À l'intérieur de la chemise, j'ai trouvé plusieurs feuilles d'exercices photocopiées, pour tenir les élèves occupés. J'ai trouvé une liste d'élèves et un horaire très général. Les heures inscrites sur les feuilles ne concordaient pas avec celles qui étaient affichés dans la classe, l'horaire des spécialistes non plus. Après quelques secondes d'hésitation, j'ai compris qu'il s'agissait de feuilles qui dataient de l'année précédente. J'ai fouillé mais je n'ai rien trouvé de plus. 

 

J'ai refermé la chemise en soupirant et j'ai jeté un regard circulaire sur la pièce: aucun album jeunesse en vue, aucun indice sur un thème quelconque, pas de cahier de planification en vue... J'ai fouillé dans le pupitre d'un élève et je n'ai pas trouvé de manuel, rien que je puisse feuilleter pour voir ce que je peux poursuivre."

 

Ce scénario, tous les suppléant(e)s l'ont déjà vécu. Pour ma part, je ne l'ai pas vécu souvent, heureusement ! En général, j'ai toujours eu la chance d'arriver dans des classes où les absences étaient prévues et dans les rares cas où elles ne l'étaient pas, j'ai toujours pu trouver un indice pour m'aider à improviser.

 

Malgré tout, ces quelques expériences m'ont toujours fait réfléchir à ce que j'allais mettre dans mon cartable de suppléance, le jour venu.

Dans mon cartable, il y a...

  1.  La liste des élèves (bonus: qui sont les alliés et les élèves à surveiller)
  2. La liste des allergies, des difficultés et des problèmes de comportements des élèves.
  3. Le plan en cas d'évacuation d'urgence et le protocole de confinement.
  4. L'horaire d'une journée type de la classe, avec le détail des routines (entrées, sorties, collations, etc.)
  5. L'horaire des spécialistes ainsi que la personne en charge des transitions.
  6. L'horaire des surveillances et du remplacement d'urgence.
  7. La marche à suivre pour les récréations à l'intérieur.
  8. La liste des codes pour faire fonctionner la classe (ordinateur, photocopieur, cadenas de l'armoire, etc.)
  9. Une copie de la planification hebdomadaire (mise à jour chaque semaine).
  10. La description du système d'émulation avec des exemples de comportements.
  11. Les règles de la classe.
  12. Une liste d'albums qui peuvent être lus en classe sans interférer avec la planification de l'enseignante.
  13. Le code habituel pour demander le silence.

Pourquoi planifier son absence ?

Je trouve que c'est important d'être bien préparée en tout temps, y compris lorsqu'on prévoit (ou non !) s'absenter.

 

D'une part, ça permet à la personne qui nous remplace de faire son travail plus efficacement. Le cartable de suppléance contribue à diminuer le stress de la suppléante, à faciliter sa gestion de classe, à assurer de bonnes transitions, etc. Personnellement, je me sens toujours plus efficace dans mon travail de suppléante lorsque j'ai toutes les bonnes conditions pour enseigner.

 

De plus, la planification permet aux élèves de ne pas perdre une journée d'apprentissage. Avouons-le, les journées à faire des exercices photocopiés vides de sens ne sont pas très productives, ni pour les élèves, ni pour l'enseignante... ni pour la suppléante ! Évidemment, je crois qu'il est bon de prévoir du travail supplémentaire en cas d'urgence, mais avant d'en arriver là, une suppléante devrait être en mesure de compléter le travail qui a été commencé avant le départ de l'enseignante. Rien ne me fait plus plaisir que d'arriver en classe et d'avoir à enseigner un petit quelque chose: ça me rend l'impression d'être réellement utile et d'être autre chose qu'une gardienne qui occupe les élèves en attendant.

 

J'espère que je me souviendrai toujours de mes expériences en tant que suppléante afin d'être une enseignante qu'il est agréable de remplacer.

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Commentaires: 2
  • #1

    Camille Thiriet-Richard (mardi, 25 octobre 2016 17:58)

    Super billet !!

  • #2

    Myriam (mercredi, 26 octobre 2016 14:54)

    Tellement bien dit! Certains oublient malheureusement leurs années de suppléance et comment on peut se sentir nu devant une classe. Tout le monde a déjà fait ce rêve d'être nu en public! C'est comme ça que je me sens parfois en suppléance!